lundi, décembre 20, 2004

Nucléaire : la course relancée


Au Canada, nous restons partagés sur le projet américain de bouclier anti-missiles, le NMD. La récente visite du président Georges W. Bush, n’a pas pour autant fixé une fois pour toutes les positions. Les libéraux fédéraux du Québec se sont prononcés contre toute participation canadienne au projet américain. Le ministre des Affaires étrangères Pierre Pettigrew a pris acte de ce choix. Ainsi qu’il l’a souligné, c’est le commencement du débat au sein du Parti. Il a cependant reconnu que les choix politiques du gouvernement diffèrent parfois de la volonté exprimée par les militants ou la population. La résolution sera en tout cas débattue au congrès libéral de mars 2005. Le Premier ministre Paul Martin compte soumettre la question à un vote à la Chambre des communes.

Lors de la Conférence Pan canadienne pour la paix qui s’est tenue mi-novembre à Toronto, l’association Voix des Femmes pour la paix a exprimé son inquiétude face à la mise sous tutelle de la politique extérieure du pays par les États-Unis. L’association parle d’accords secrets, de l’incitation à la course aux armements, de la militarisation de l’espace et qualifie le projet américain d’agressif.

Nous savons que lors de sa visite au pays, Georges Bush a fait pression sur le Premier ministre Paul Martin pour que le Canada s’unisse aux États-Unis dans cette aventure militaire. Monsieur Martin a expliqué que le Canada prendra une décision, en regard de ses propres besoins.
Une réponse bien diplomatique.

Qu’est-ce qui inquiète?

Le bouclier anti-missiles est déjà en cours d’installation en Alaska et en Californie avec des prolongements ailleurs dans le monde. Depuis la fin de la guerre froide, le paysage stratégique a changé. Dans l’esprit des Américains, il s’agit de déployer aussitôt que possible – technologiquement parlant – un système de défense capable de défendre le territoire des États-Unis contre une attaque de missiles, qu’elle soit accidentelle, non autorisée ou délibérée. Ces justifications sont –elles solides? Il faut dire que les États-Unis s’adaptent continuellement aux mutations internationales pour conserver leur leadership : le contrôle sans réserve de la planète. L’instrument prioritaire de l’économie demeure à cet égard, la politique de défense.

Officiellement, le projet anti-missiles n’est pas conçu pour une protection contre des attaques à longue portée venues de Chine et de Russie. Mais Washington, malgré des relations cordiales, continuent de se méfier de ces deux puissances, les seules avec l’Europe unie qui pourraient sérieusement rivaliser avec les États-Unis. Alors pour contrer quelles menaces?
La course aux armements

La stratégie de Washington prépare une mécanique d’escalade; car, au-delà de l’objectif avoué, il y a un risque grave de relance de la course aux armements. C’est la crainte soulevée par l’Europe. La première réaction est venue de Russie. Vladimir Poutine, le président russe, a annoncé le 17 novembre que son pays allait bientôt se munir de nouveaux systèmes d’armes nucléaires qui n’existent pas et qui n’existeront pas dans les prochaines années chez les autres puissances nucléaires. Les premières commandes d’État sont pour 2005. Le président russe révèle ainsi du même coup, qu’à l’heure du terrorisme et des conflits régionaux, la doctrine de dissuasion nucléaire n’était pas jetée aux oubliettes.

Un monde peu sûr

Les États-Unis et la Russie ne sont les seuls à moderniser leur arsenal nucléaire. Les États-Unis soupçonnent la Corée du Nord et, peut-être l’Iran, de chercher à développer des armes nucléaires. Israël, l’Inde et le Pakistan modernisent leur arsenal.

Les positions des différents acteurs de l’échiquier stratégique vont se clarifier et probablement se durcir d’ici 2006. Le risque d’une nouvelle guerre froide en plaçant la course aux armements au premier plan n’est pas à écarter. Ces derniers mois, Mohammed El Baradei, le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique, alarmé, a rappelé que le monde n’a jamais été aussi peu sûr qu’aujourd’hui.

L’Histoire ne lésine jamais quand il s’agit de donner des leçons à qui s’en réfère. Cette-ci nous apprend encore une fois que lorsque de nouvelles armes sont inventées, elles seront, un jour ou l’autre, utilisées. C’est une question d’opportunité. Une question de temps, seulement de temps.

En fin de compte, l’enjeu du 21ème siècle sur le plan international est d’arriver à reconstruire le monde sur une base multipolaire. La paix mondiale en dépend. C’est la seule issue pour une véritable sécurité collective.

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