lundi, mars 28, 2005

Légitimer la guerre préventive?

Le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, a finalement présenté son projet de réforme des Nations-Unis. Intitulé « Dans une liberté plus grande : développement, sécurité et respect des droits de l’homme pour tous » le texte se présente comme un programme d’action qui sera débattu en septembre de cette année, lors du 60ème anniversaire de l’organisation internationale.

En fait, on tente de sauver ce qui ne peut être sauvé : le rôle des Nations-Unies dans un monde désorganisé par la « main invisible. » Là est le danger. Les belles idées concernant la lutte contre la pauvreté, les droits de l’homme, cela reste du domaine de l’utopie. Je voudrais juste m’attarder un peu sur la question relative à la sécurité collective.

Sur ce point, Kofi Annan propose un « contrat » pour pouvoir vivre à l’abri de la peur. Il espère pouvoir rassembler un consensus sur une condamnation de « tout acte commis dans l’intention de causer la mort ou des blessures graves à des civils ou à des non-combattants ». La question de la définition du terrorisme bute depuis des années sur le concept de « terrorisme d’État » et sur celui du « droit de résister à l’occupation », qui sont utilisées dans le contexte du conflit israélo-palestinien.

Comment aboutir à une définition universelle du terrorisme? La question reste posée. Et elle est liée dans une certaine mesure, à une autre relative à la « guerre préventive ». Kofi Annan propose de donner au Conseil de sécurité le droit de recourir à la force, y compris de manière préventive. Un clin d’œil à Washington! Ainsi, on évitera les effets collatéraux désagréables, diplomatiques et autres, d’une guerre non justifiée comme ce fut le cas dans l’aventure irakienne.

Le secrétaire général de l’ONU souhaite également augmenter le nombre de pays au Conseil de sécurité (24 au lieu de 15) sans droit de veto — la question est laissée au choix du sommet du mois de septembre.

L’ONU a sa raison d’être et veut certes gagner sa crédibilité. Mais rien n’est facile. Une réforme ne peut aboutir que si tous les acteurs, en particulier ceux qui détiennent le pouvoir réel, respectent le code de conduite qui mène à un multilatéralisme réel. Autrement, on ne ferait que légitimer ce qui, dans les faits, existe déjà. Dans ce cas, la sécurité collective restera un vœu pieux.

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