mardi, juillet 18, 2006

''La Fragilité des Galaxies'' de Christian Brouillard

Vivre est un risque

Quand un poète parle, je m’incline. Il voit le monde comme je le vois. Il respire un parfum qui m’est familier. Il se révolte comme je me m’insurge face à ce qui ne peut être changé : la vie, le mouvement de la vie. Alors, je bois dans la complicité, les mots ciselés « tressant l’espace du chemin, rêvant le temps du possible. »

La Fragilité des galaxies, une couverture noire avec une illustration de Sylvain Bazinet où je vois une spirale - la galaxie, le mouvement de la vie. En sous-titre Poésie et Nouvelles. Christian Brouillard nous livre des textes à apprécier sur-le-champ. La quatrième de couverture annonce « les routes qui sourdent de nos yeux et de nos mains, tracées à la force de nos rêves et dans la pleine conscience de la cruauté du réel. Le Monde n’est petit que parce que nous nous sommes rapetissés, nous moulant à une souffrance qui nous cloue à cet horizon que les puissants dessinent au gré de leur vagabondage. » Tout est dit? Non, la quatrième de couverture évoque aussi « l’arc-en-ciel de la libération » et précise que « le souffle qui se retient dans la nudité du sourire ne porte pas la marque de l’implacable indifférence, il se tisse à même la soie de la fragilité des galaxies. »

Les poèmes de Christian Brouillard réclament un va-et-vient entre les pages comme les œuvres riches le nécessitent. Le lien entre les textes, il n’est pas rare, reste fondamentalement le poète. Dans Solitudes, au pluriel, il y a comme une révolte étouffée dans les « blessures des petits matins » qui s’achèvent par un « simple râle » dans le « monde de grillage ». Réel ou irréel? Le poète ne l’énonce pas. Au lecteur d’en saisir le sens. À qui s’adresse-t-il quand « l’automne est sans pitié », quand « la volonté n’a plus de substance » et que « le jour et la nuit ne sont plus que de simples passages? »

Il faut du cœur au ventre pour dire les situations qui nous ont fait vibrer, secouer, révolter. Il en faut beaucoup plus pour tisser les mots transcendant la souffrance humaine et désigner « d’autres chemins que ceux de la perte et de la tristesse. » Même si « le souffle se retient dans la nudité du sourire », le silence entre les mots pétris avec patience par le poète vient comme une respiration battre le rappel de ce qui nous meut.

Il va de soi que lire la poésie, demande une disponibilité intérieure. Parfois, cependant, c’est le poème lui-même qui crée à travers la lecture, cette ouverture du cœur. Quand on comprend pleinement le poète, nous pouvons « regarder toutes les beautés du monde.» Et le poète ajoutera : « dans la lumière de tes yeux. »

Le recueil de Christian Brouillard résume fort bien les traverses de la vie. À travers des poèmes libres, courts récits et nouvelles, le poète se livre et noue avec la vie, un questionnement qui, à force d’être profondément intime, rejoint, par delà la subjectivité, l’universelle cogitation humaine; car, en fin de compte, au-delà des traverses de la vie :

« il y a des îles
au loin
qui nous attendent les yeux ouverts »

M.B.

Christian Brouillard, La fragilité des galaxies, Éditions Rouges et Noires, Montréal, 2004.

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