''Aussitôt que j'ai commencé à écrire, j'ai entretenu avec mon pays un rapport semblable à celui que j'entretiens avec moi-même. Dans ce mouvement de l'écriture qui peut amener à se renier, pour mieux être soi, on peut rompre avec son pays pour mieux lui appartenir. Cette sorte de séparation est alors un lien qui permet de s'affirmer dans la différence. Quand j'écris, je vois mon pays comme un autre alphabet où j'agis avec la même liberté que celle qui me guide entre les voyelles. C'est la conséquence, je crois, de la conviction profondément ancrée en moi qu'en tout déracinement est un enracinement. ici apparaît l'autre, l'étranger, comme élément constitutif du moi. La langue de l'autre est un autre sein, une mère seconde pour une seconde naissance, naissance qui le rapproche de sa langue originelle, mère première par l'arrachement même. Comme si l'autre ouvrait au moi un espace pour des naissances infinies; comme si le moi ne se renouvelait que par une sorte de mort dans l'autre, mort qui est elle-même une nouvelle vie. ''
Source : La République des Lettres où vous pourrez lire la suite.
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