Guy Laliberté, ce milliardaire québécois, créateur du Cirque du Soleil, a donc réalisé son rêve de voyager dans l’espace et réussi son show pour attirer l’attention de la planète sur l'enjeu de l'eau.
Coïncidence, je viens de terminer la lecture d’un ouvrage signé par un chercheur, un enseignant, mais aussi un homme politique, le professeur Suisse Jacques Neirynck. Il avait au début de l'été 2008 déposé au parlement fédéral suisse une proposition en faveur de l'économie d'énergie dans la distribution de l'eau de table. Il demandait plus particulièrement la promulgation d'une loi visant à l'abandon de la production et de la vente d'eau potable en bouteilles PET. Pour être clair, il s’agit des bouteilles en plastiques soupçonnées d’être néfastes pour la santé.
Son livre s’intitule « les scandales de l’eau embouteillée ». Il est paru en février 2009, aux éditions Favre, dans la collection Débat Public.
En parlant de scandales au pluriel, Jacques Neirynck évoque celui du gaspillage énergétique, celui de la manipulation publicitaire et celui de l’inertie politique.
Dans le gaspillage énergétique, l’auteur s’interroge sur les moyens utilisés dans les pays développés pour monter une logistique de distribution d’eau potable en bouteille alors que dans les pays pauvres, l’eau qui n’est pas toujours potable, manque cruellement. L’eau en bouteille écrit-il, est le symbole d’un Occident gaspilleur et d’un tiers-monde dépouillé.
Le second scandale est celui de la publicité qui qualifie l’eau en bouteille de source de jeunesse et prétend qu’elle possède des propriétés miraculeuses ?
Le troisième scandale provient de l’indifférence des pouvoirs politiques. Des pouvoirs publics qui confient la distribution d’eau potable à des multinationales qui sont le pendant des multinationales de l’eau en bouteilles.
À cet égard, on entend même des absurdités selon lesquelles, la distribution de l’eau potable à travers les robinets constitue un gaspillage puisque la plus grande partie n’est pas bue. Et dans ce cas, ne serait-il pas plus économique de distribuer l’eau non potable et d’obliger les consommateurs à acheter l’eau potable en bouteille?
Le livre de Jacques Neirynck s’il s’attarde sur les pays développés, fait également un tour d’horizon de ce qui se passe dans différentes régions, y compris l’Afrique du Nord qui, à quelques petits kilomètres de l’Europe, connaît des problèmes de pénurie.
Je dois dire qu’après avoir lu ce livre, je considère différemment l’eau en bouteilles et la publicité trompeuse qui l’accompagne. D'autant plus qu'au Québec, nous avons la chance d'avoir une eau propre dans nos robinets. Ce qui n'est pas le cas, hélas, partout, ailleurs.
Cette chronique a été diffusée le 11 octobre 2009 sur les ondes d'Alger Chaîne III.
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