jeudi, juin 13, 2013

Salah Beddiari se lance dans l'aventure de l'édition


Salah Beddiari
Salah Beddiari qui est un poète connu dans le milieu littéraire québécois se lance dans l’aventure de l’édition. Parallèlement au projet éducatif qu’il mène depuis quelques années avec le Centre canadien d’échange linguistique, il vient de créer à Montréal, une maison d’édition du nom de BEROAF.
Questions-réponses avec un passionné du livre :



Comment vous est venue l’idée de créer une maison d’édition ?
Cela trotte dans ma tête depuis plusieurs années, depuis la création de l’association Passerelles en 2001. J’ai constaté dès la publication de mes premiers recueils en 2000 et 2001 qu’il nous fallait une maison d'édition qui s’occuperait de la promotion des auteurs maghrébins et arabes se trouvant au Canada. Comme vous le savez peut-être, depuis la disparition des Éditions Naaman de Sherbrooke, en 1986, il n’existe aucune structure d’édition et de distribution de la littérature maghrébine et arabe ni au Québec ni au Canada. Le besoin, donc, est là, il ne manquait que la volonté et la détermination pour lancer une telle maison.
Le marché du livre francophone au Québec est limité. Comment comptez-vous vous y prendre pour contourner les contraintes ?
 Notre but, dès le départ, est la promotion du livre des auteurs néo-québécois et néo-canadiens d’origine berbère et arabe qui ne trouvent pas des structures appropriées pour la publication et la diffusion de leurs œuvres. Le marché dans tous les cas a toujours été limité que ce soit pour les auteurs d'ici ou pour les nouveaux arrivants, mais nous avons un grand atout : celui de la communauté maghrébine et arabe qui ne cesse de grandir. Ce bassin de clients potentiels est à notre portée et il est déjà sensibilisé sans effort publicitaire. Nous pensons aussi à distribuer nos titres en Europe à travers l’édition numérique et aussi dans les pays francophones d’Afrique du Nord.
Le monde de l’édition au Québec n’est pas facile. Un nouvel éditeur, n’est-ce pas un de trop ?
Le monde de l’édition comme tout autre secteur est en changement constant. L’édition et la diffusion sont en train de subir un grand virage, celui du numérique. L’espace physique de l’édition devient de plus en plus virtuel. Cela permet à de nouveaux acteurs d’entrer dans l’arène beaucoup plus facilement que par le passé. L’investissement en amont n’est plus un obstacle comme auparavant. Il suffit, maintenant d’avoir une équipe convaincue et déterminée à diffuser une littérature spécifique et elle occupera un segment du marché du livre à l’échelle locale et internationale. En plus, les maisons classiques et établies depuis plusieurs décennies peuvent être dépassées par la thématique d’une jeune et nouvelle littérature. Leur sensibilité éditoriale et leur choix esthétiques représentent parfois un véritable blocage à l’émergence d’une littérature différente et surtout celle venue d’ailleurs.
BEROAF est le nom que vous avez choisi pour votre maison d’édition. Qu’entendez-vous par là au juste ?
 BEROAF est un acronyme, il représente les peuples fondateurs de l’Afrique du Nord et ceux qui sont venus coloniser pour ne pas dire occuper et qui ont laissé des traces dans cette aire géographique. Je parle bien sûr des Berbères, des Romains, des Arabes et des Français. En plus de l’acronyme, le nom par son onomatopée me fait penser à l’aboiement. Nous sommes un peu tous des « aboyeurs » en quelque sorte.
Y a-t-il des domaines que vous allez privilégier pour vous démarquer des autres maisons d’édition ?
La maison est ouverte surtout aux auteurs néo-québécois, ceux qui proviennent de l’Afrique du Nord et des pays arabes, mais aussi aux auteurs d'ici dont la thématique traite des rapports et des dialogues entre les peuples du Sud et du Nord.
Votre première production est un roman que vous vous avez signé. Si on vous disait pourquoi ?
Il faut bien commencer quelque part, comme j’avais un roman « Le Joueur » déjà écrit et prêt à être publié, je l’ai alors lancé avec la maison BEROAF.
En fin de compte, êtes-vous confiant ?
Absolument, il faut juste persévérer pour monter une belle maison. Dans notre communauté, nous avons un grand besoin de ce genre d’initiatives.

 

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