Salah Beddiari |
Salah Beddiari qui est un poète
connu dans le milieu littéraire québécois se lance dans l’aventure de l’édition.
Parallèlement au projet éducatif qu’il mène depuis quelques années avec le Centre canadien d’échange linguistique, il vient de créer à Montréal, une maison d’édition
du nom de BEROAF.
Questions-réponses avec un
passionné du livre :
Comment vous est venue l’idée de créer une
maison d’édition ?
Cela trotte dans ma tête depuis plusieurs années, depuis
la création de l’association Passerelles en 2001. J’ai constaté dès la
publication de mes premiers recueils en 2000 et 2001 qu’il nous fallait une
maison d'édition qui s’occuperait de la promotion des auteurs maghrébins et arabes
se trouvant au Canada. Comme vous le savez peut-être, depuis la disparition
des Éditions Naaman de Sherbrooke, en 1986, il n’existe aucune structure
d’édition et de distribution de la littérature maghrébine et arabe ni au Québec
ni au Canada. Le besoin, donc, est là, il ne manquait que la volonté et la
détermination pour lancer une telle maison.
Le marché du livre francophone au Québec est
limité. Comment comptez-vous vous y prendre pour contourner les contraintes ?
Notre but, dès le départ, est la promotion du livre
des auteurs néo-québécois et néo-canadiens d’origine berbère et arabe qui ne
trouvent pas des structures appropriées pour la publication et la diffusion de
leurs œuvres. Le marché dans tous les cas a toujours été limité que ce soit
pour les auteurs d'ici ou pour les nouveaux arrivants, mais nous avons un grand
atout : celui de la communauté maghrébine et arabe qui ne cesse de
grandir. Ce bassin de clients potentiels est à notre portée et il est déjà
sensibilisé sans effort publicitaire. Nous pensons aussi à distribuer nos
titres en Europe à travers l’édition numérique et aussi dans les pays
francophones d’Afrique du Nord.
Le monde de l’édition au Québec n’est pas
facile. Un nouvel éditeur, n’est-ce pas un de trop ?
Le monde de l’édition comme tout autre secteur est en
changement constant. L’édition et la diffusion sont en train de subir un grand
virage, celui du numérique. L’espace physique de l’édition devient de plus en
plus virtuel. Cela permet à de nouveaux acteurs d’entrer dans l’arène beaucoup
plus facilement que par le passé. L’investissement en amont n’est plus un
obstacle comme auparavant. Il suffit, maintenant d’avoir une équipe convaincue
et déterminée à diffuser une littérature spécifique et elle occupera un segment
du marché du livre à l’échelle locale et internationale. En plus, les maisons
classiques et établies depuis plusieurs décennies peuvent être dépassées par la
thématique d’une jeune et nouvelle littérature. Leur sensibilité éditoriale et
leur choix esthétiques représentent parfois un véritable blocage à l’émergence
d’une littérature différente et surtout celle venue d’ailleurs.
BEROAF est le nom que vous avez choisi pour
votre maison d’édition. Qu’entendez-vous par là au juste ?
BEROAF est un acronyme, il représente les peuples
fondateurs de l’Afrique du Nord et ceux qui sont venus coloniser pour ne pas
dire occuper et qui ont laissé des traces dans cette aire géographique. Je
parle bien sûr des Berbères, des Romains, des Arabes et des Français. En plus
de l’acronyme, le nom par son onomatopée me fait penser à l’aboiement. Nous
sommes un peu tous des « aboyeurs » en quelque sorte.
Y a-t-il des domaines que vous allez
privilégier pour vous démarquer des autres maisons d’édition ?
La maison est ouverte surtout aux auteurs néo-québécois, ceux
qui proviennent de l’Afrique du Nord et des pays arabes, mais aussi aux auteurs
d'ici dont la thématique traite des rapports et des dialogues entre les peuples
du Sud et du Nord.
Votre première production est un roman que
vous vous avez signé. Si on vous disait pourquoi ?
Il faut bien commencer quelque part, comme j’avais un
roman « Le Joueur » déjà écrit et prêt à être publié, je l’ai alors
lancé avec la maison BEROAF.
En fin de compte, êtes-vous confiant ?
Absolument, il faut juste persévérer pour monter une
belle maison. Dans notre communauté, nous avons un grand besoin de ce genre d’initiatives.
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