Quelle place pour le Canada dans le monde? Et comment redéfinir son rôle au vu des nouveaux acteurs de la scène internationale et des nouveaux enjeux? Ce sont là les questions sur lesquelles s’est penché la semaine dernière le 5ème colloque de la Fondation Pierre Eliot-Trudeau, à Montréal.
Ainsi qu’on le souligne ici, on reste stupéfait par l’apparition de nouveaux acteurs dans les relations internationales. On pense aux multinationales, aux réseaux virtuels d’activistes et aux extrémistes politiques. À cela, il faut ajouter les nouveaux enjeux tels les pressions démographiques et les problèmes environnementaux qui se combinent pour augmenter, à la fois, la concurrence pour les ressources naturelles et pour amplifier les migrations aussi bien au Sud qu’au Nord.
C’est autour de ces éléments clés que s’est construit le colloque de la fondation Trudeau. Évidemment, c’est un débat d’idées. Il n’y a pas de conclusion définitive. Toutefois, le gouvernement fédéral, quel que soit la couleur du parti au pouvoir, aujourd’hui le parti conservateur, minoritaire, est à l’écoute de ce qui se passe dans ce que l’on appelle communément la société civile.
Et justement, à l’occasion de ce colloque, la Fondation Trudeau et l’Université Laval ont commandité un sondage à la firme Environics Research de Toronto, sur la place du Canada dans le monde. Un sondage qui révèle une forte division des Canadiens sur les questions de politique étrangère.
Je ne vais pas m’étendre sur cette enquête d’opinion. Juste quelques repères qui peuvent éclairer et en dire long.
Sur la question des droits de l’homme, par exemple, 30 pour cent des Canadiens souhaitent qu'Omar Khadr, ce jeune Canadien arrêté en Afghanistan par l'armée américaine, soit jugé à la cour martiale de la prison de Guantanamo, alors que 48 pour cent s'y opposent. Je dois dire à ce sujet qu’une pétition, initiée par les milieux de la gauche au Québec, circule pour demander le rapatriement du jeune Omar. Mais sans doute faut-il attendre, la prise de fonction du nouveau président américain Barack Obama pour que le problème soit réglé, puisque l’une de ses priorités est la fermeture de la prison.
Au sujet de la décision de déporter les déserteurs de l'armée américaine exilés au Canada qui refusent de combattre en Iraq, pour qu'ils comparaissent devant la justice de leur pays : 38 % des canadiens sont d'accord avec la décision et 56 % sont en désaccord.
Pour ce qui est de la décision de se retirer des engagements envers le protocole de Kyoto afin d'entamer une nouvelle approche de la question des changements climatiques, là aussi, 40 % sont d'accord avec la décision et 50 % sont en désaccord.
Comme je l’ai déjà dit, je ne vais pas m’étendre là-dessus, je terminerai seulement en disant que selon ce sondage qui, il faut le dire, n’a pas été trop médiatisé, à mon sens, les Canadiens croient fermement que le Canada devrait faire activement la promotion des valeurs historiquement canadiennes suivantes, dans les pays où elles sont menacées ou inexistantes : les Droits de la personne (93 %), la Liberté d'expression (90 %), l’Egalité des sexes (87 %), la Liberté de la presse (81 %), la Démocratie et les élections gouvernementales (78 %)`.
Enfin, si on leur demande de choisir entre la promotion d'une idéologie ou l'apport d'une aide concrète, la majorité des Canadiens (59 %) estiment que le Canada devrait apporter à d'autres pays une aide concrète comme la construction de routes ou d'hôpitaux. De plus, trente-trois pour cent des répondants jugent plus importante la promotion des valeurs canadiennes comme la démocratie.
Quoiqu’il en soit, ce sondage a permis un débat solide lors du colloque et un éclairage sur le rôle du Canada dans un monde définitivement en changement.
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