Voici un livre que je recommande à tous les amoureux de l’Algérie.
Que ce pays soit rêvé par nostalgie ou vécu par nécessité et exigence du présent.
Malek Chebel signe cette année en effet un très beau livre aux éditions Plon :
un Dictionnaire amoureux de l’Algérie.
Dans la quatrième de couverture, nous lisons : « Des
ruines romaines de Timgad aux noces du soleil et de la mer à Tipaza, du désert
algérien cher à Eugène Fromentin à
la conversion d’Isabelle Eberhardt,
des tableaux de Delacroix aux femmes
de Biskra d’Étienne Dinet, de la
prise d’Alger en 1830 à l’indépendance du pays en juillet 1962, de l’émir Abd el-Kader à Bouteflika, Malek
Chebel, en observateur averti du pays où il est né, où il a grandi, n’élude
rien et aborde beaucoup de non-dits. Mais, ce dictionnaire est aussi un ouvrage
ludique. Il nous parle d’une Algérie tour à tour romaine, musulmane, ottomane,
espagnole, arabe et a fortiori algérienne, occupée mille fois et sans cesse
réinventée. Au gré des entrées, nous découvrons avec bonheur son charme
pittoresque, ses fragrances, ses espoirs et ses désillusions. »
Malek Chebel nous offre un dictionnaire amoureux. Les
différentes entrées relèvent de son propre
choix et, de fait, comme à son habitude, avec la probité intellectuelle que
nous lui connaissons, nous dit ce qu’il en est historiquement parlant de
certains événements passés et récents. C’est ainsi qu’à propos de Messali Hadj,
« lion du nationalisme historique » et qui aurait pu être le « Bourguiba
de l’Algérie », Malek Chebel écrit que ce premier nationaliste « assistera
à l’indépendance de l’Algérie devant un écran de télévision ». Mais, dans
son livre, il ne fait pas de raccourci et explique les luttes fratricides et
malheureuses entre les partisans du FLN et ceux de Messali.
J’évoque cet aspect comme j’aurais pu évoquer celui des
moines de Tibhirine avec cette question toujours actuelle « Connaîtra-t-on
jamais la vérité ? ».
Le Dictionnaire amoureux de l’Algérie ne se résume pas à des
questions de l’histoire lointaine ou immédiate du pays. Les entrées permettent
de voyager entre les religions de l’Algérie, les odeurs et parfums, le tourisme
et ce qu’il aurait fallu faire pour le relancer – rien, n’est perdu d’ailleurs,
il faut s’y mettre, tout simplement –, les grands noms de la littérature qui
ont traversé le pays, les pieds-noirs, le bon vieux Karl Marx, les arts, les identités multiples, la
faune, la flore et fruits du pays…
En somme, c’est un dictionnaire de 755 pages, accompagné d’une
riche bibliographie, qui permet de trouver à portée de main l’information que l’on
cherche quand on est amoureux de l’Algérie. Toutefois, Malek Chebel nous
avertit dans sa préface : « Ce Dictionnaire amoureux de l’Algérie est
résolument anticolonialiste, mais il n’est à aucun moment antifrançais. De la
même façon, l’autoritarisme du système algérien est largement brocardé mais j’ai
conscience que beaucoup d’Algériens sont victimes de ce système bien plus qu’ils
ne le cautionnent ».
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