Karim Akouche vient de publier « Allah aux pays des enfants perdus »
aux Éditions Nord-Sud. Dans le communiqué annonçant la parution du livre, il
est dit que c’est un « roman-réquisitoire montrant le vrai visage de
l’Algérie qui, cinquante ans après l’indépendance, est gangrénée par
l’islamisme et la corruption. » L’auteur « brise les tabous »
et, « comme dans une pièce de Shakespeare, il mêle la comédie à la
tragédie, le rire au sérieux, le rêve au désespoir. Il dépeint les destins
d’êtres attachants qui cherchent à quitter un pays absurde ». C’est aussi, lit-on, « un roman
libérateur qui rend justice à la jeunesse désemparée, oubliée par les
politiques, les médias et le temps qui passe ».
N’ayant pas encore lu le livre, j’ai posé deux questions à Karim
Akouche qui a bien voulu me répondre :
Pourquoi ce titre « Allah aux pays des
enfants perdus » ? Cela ne risque-t-il pas de choquer ? Cela me fait penser
à l’ouvrage de l’écrivain italien Carlo Lévi « Le Christ s'est arrêté à Eboli »
un roman autobiographique qui parle de la misère des paysans dans un village
d’Italie où il a été forcé à l’exile intérieur par les fascistes de son époque.
Le titre de ce roman est religieusement incorrect. Il est non-conforme aux canons et règles de l’Algérie officielle. Il est évocateur et provocateur à la fois. Le but recherché est de titiller non pas les âmes sensibles, mais les âmes noires, les obscurantistes. On pourrait faire toute une étude sociologique sur ce titre. En Algérie, on met le mot « Allah » à toutes les sauces. Si un Algérien veut corrompre son frère, les stratagèmes les plus affectionnés sont « Inch’Allah », « Allah ghalleb », « Mach’a Allah »,… De plus, nous nous définissons comme des « Hommes libres », alors que nous ne sommes que des « enfants perdus ». Bref, le titre « Allah au pays des enfants perdus » tranche avec le ton officiel, religieux et féodal qui règne en Algérie, que j'ai surnommée ironiquement dans le roman "l'Absurdistan"
N’ayant pas encore lu le livre, J’ai écouté en
revanche ton interview sur Radio-Canada International le 25 septembre dernier. Maryse Jobin a soulevé
la question de l’absence de femmes dans le roman. J’aimerais de mon côté parler
de la couverture du livre et relever l’image d’une petite fille portant un
seau d’eau et tenant la main à un garçon ou à une fille de son âge – rien
n’est sûr, puisque l’image n’est pas complète - est-ce un choix de
cadrage ? Est-ce que cette illustration correspond à un moment du roman ?
La toile « Enfants aux seaux », réalisée par le grand peintre Hocine Ziani, est une œuvre profondément shakespearienne, au sens où l’artiste a réussi, avec brio, à mêler la tragédie à l’espoir, l’innocence à la virilité, le feu à l’eau. Il y a une scène similaire dans mon roman où des jeunes courent, les seaux à bout de bras, pour éteindre des flammes. Il est des trouvailles analogues que font séparément les artistes qui ne s’expliquent pas. Est-ce parce que l’art est l’inconscient collectif mis en forme ou juste une émotion universelle qui jaillit des tripes des hommes sensibles ?
Lancement officiel du livre :
Samedi 6 octobre, à 14h00 , à la Société Saint-Jean-Baptiste, sise au
82 rue Sherbrooke Ouest (métro Place des Arts)
Informations :
Éditions Dialogue Nord-Sud
(438) 764-9315
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