jeudi, mai 27, 2021

Publication : Comme si les dieux pleuraient de Francky Guerrier



Il y a quelques années, en 2006, au mois de juin exactement, j’ai eu une discussion avec Francky Guerrier qui venait de publier son premier roman Couleur de peau. Je me demandais alors s’il allait continuer d’écrire après un premier succès. Ses propres mots étaient : « À la vitesse où l’inspiration arrive, je ne crois pas être capable d’arrêter. C’est plus fort que moi. C’est elle qui me commande et me dicte quoi faire et quand le faire ». Aujourd’hui, je suis heureux de découvrir qu’après un long silence qui a ses raisons, Francky nous revient avec un nouveau né : Comme si les dieux pleuraient, un livre publié aux Éditions du CIDIHCA. Nous sommes en pleine promotion du roman. 




Entrevue 

Mouloud Belabdi - Entre 2006, année de sortie de votre premier roman ‘’Couleur de peau’’ et aujourd’hui, en 2021, de l’eau a coulé sous le pont si l’on peut dire. Que s’est-il passé tout ce temps ?


Francky Guerrier
:Mouloud, je ne manquais pas pour autant d’imagination! (Rire). En revanche, mon compte en banque affichait un solde de zéro. Et je ne voulais en aucun cas me délester de mon rôle de père de famille. Pour empêcher que cela arrive, reprendre le chemin de l’université était ma seule et unique option. Donc, j’ai fait un bac en enseignement des mathématiques, afin de répondre au besoin de mon foyer. Une fois que c’était fait, en 2011 et 2012, je ne pouvais plus résister à la tentation d’écrire. Alors, je me lançais dans un projet de publication de Magazine, intitulé : « Dessalines, la Cité impériale ». Il relatait l’histoire de ma ville natale à partir des gens, des lieux, des monuments et des sites historiques. C’était un projet très ambitieux, tenant compte de l’importance de cette ville, fondée par Jean-Jacques Dessalines, le père de la patrie haïtienne qui en fit la première capitale d’Haïti après l’indépendance. Ce projet, qui fut un devoir de mémoire, me coûtait les yeux de la tête et consommait beaucoup de temps en termes de recherches. Je l’ai déposé doucement après avoir publié deux numéros. C’est néanmoins grâce à ce projet que les idées du roman commençaient à germer petit à petit pour devenir, huit ans plus tard, un livre de 212 pages.

M.B. - « COMME SI LES DIEUX PLEURAIENT », dieux avec un d minuscule et au pluriel. Le titre d’un livre ne relève pas toujours d’un choix hasardeux. Et celui-ci nous interpelle et nous pousse à en savoir plus. Faut-il lire le roman d’abord ou êtes-vous prêt à nous aiguillonner ?

F.G. - Le titre du roman « Comme si les dieux pleuraient » s’émerge du roman même, et s’impose sans attendre la bénédiction du narrateur ni celle de l’auteur. J’ai fait plusieurs tentatives de le remplacer, il revient à chaque fois avec force et vigueur. En fait, il va falloir que les lectrices ou les lecteurs entrent dans la profondeur du livre pour découvrir si ces cinq mots méritent réellement d’être en première de couverture. Ce faisant, ils seraient assez édifiés pour porter un vrai jugement quant à leur place véritable. Mais moi, en tant qu’auteur, je suis impuissant devant le mystère que pourrait inspirer ce titre.

M.B. - Le roman, c’est l’histoire de Danton, un taxieur montréalais, veuf, d’origine haïtienne. Il a la cinquantaine. Et il veut – ce qui est légitime – refaire sa vie. Il part donc en Haïti pour trouver l’âme sœur. Ça ne va pas être facile. Un roman qui s’inspire de faits réels – ce qui me paraît plausible – ou est-ce une pure imagination ?

Francky Guerrier


F.G.
- Un roman, même lorsqu’il est du genre autobiographique, reste et demeure malgré tout une œuvre de fiction. Sinon l’auteur aurait, je crois, beaucoup de difficulté à manipuler les personnages de l’histoire. Mais cela n’empêche pas de puiser dans la réalité ou dans le quotidien des gens ou de l’auteur lui-même pour construire la dynamique des différentes scènes de l’histoire. Dans le cas de « Comme si les dieux pleuraient », c’est de la pure fiction. Cependant, les personnages, qu’ils soient principaux ou secondaires, sont le reflet des gens que je connais ou que j’ai rencontrés dans la vie réelle, à la seule différence que leurs traits caractéristiques et psychologiques sont une combinaison de plusieurs personnes réelles, qui sont soit en vie soit décédées. Il y a par exemple un personnage secondaire dans l’histoire dénommé Piernell. Ses traits psychologiques sont à quatre-vingt pour cent ceux des personnes que je connais dans la vie réelle. Et même si l’auteur est très habile, je pense, il serait dans l’embarras de créer à cent pour cent un personnage calqué sur une personne réelle. Et, à mon humble avis, si cela arrive, on n’est plus dans la fiction.

M.B. - On ne va pas raconter l’histoire et surtout pas le dénouement. Laissons au lecteur le choix de découvrir par lui-même. Mais une dernière question, comment ça s’est passé pour la rédaction de ce second roman ? Outre la motivation qui vous caractérise, est-ce que le travail a été ardu ?  

F.G. - En travaillant sur ce deuxième roman, je me suis rendu compte que je ne pourrai jamais faire de l’écriture un métier. J’y allais vraiment à pas de tortue. Le plan qui constitue le socle de cette rédaction du roman a été revu et corrigé à plusieurs reprises, pendant plusieurs semaines, voire des mois. Et un an plus tard, j’avais fini d’épuiser les différents sujets développés dans ce livre. Les travaux de recherches, de révisions, de peaufinage et de re-peaufinages ont duré sept ans. « Hâtez-vous lentement, et, sans perdre courage, / Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage : / Polissez-le sans cesse et le repolissez ; » pour paraphraser N. Boileau. Et c’est en polissant et en repolissant mon œuvre que je l’ai trouvée vraiment ardue, même pénible certaines fois. Mais, je ne me rappelle pas avoir voulu abandonner. Même pas une fois! Et quand il a finalement quitté l’imprimerie, en le prenant dans mes mains, comme la mère qui reçoit son bébé pour la première fois, je me suis senti envahi d’un sentiment de volupté infini.

Promotion

Le lancement du roman Comme si les dieux pleuraient est prévu au Centre éducatif Génération Ambition Réussite situé au 8127, rue Saint-Hubert, coin Jarry, proche du Métro Jarry à Montréal : le Jeudi 27 et le vendredi 28 mai de 15h à 18h; Le samedi 29 et dimanche 30 mai de 11h à 17h.



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