M. Mouloud Hamrouche RFI |
M. Hamrouche
se place dans l’après-élection et ses paroles sont mesurées.
Souvenons-nous
quand les décideurs ont réussi à convaincre et à ramener un homme historique
pour sauver le pays en 1992. Mohamed Boudiaf était sincère quand il disait qu’il
faut « remettre les compteurs à zéro, s’attaquer aux causes et aux
conséquences de la crise ». Et il ajoutait : « je ne veux
pas que le sang coule à nouveau dans mon pays. Je tends la main à tous ».
À la Maison de la culture d’Annaba, il rappelait encore que le « dernier
objectif sera de revenir à la démocratie, mais une démocratie transparente… »
Nous
connaissons tous la suite tragique.
Souvenons-nous
du président Zeroual, homme honnête et sincère, soumis à de fortes pressions
par ceux-là mêmes qui l’ont appelé, pour en fin de compte démissionner avant le terme de
sa présidence.
C’est
dire que depuis 1962, l’Algérie n’a eu aucun président librement élu ou libre
de ses actes et digne de représenter le peuple algérien.
C’est
dans ce sens qu’il faut comprendre le refus de M. Hamrouche de se lancer
dans une course présidentielle dont l’objectif n’est pas le changement ni l’ancrage
du pays dans le 21e siècle ni l'amélioration des conditions de vie
des Algériens. Aussi, son message s’adresse davantage aux décideurs de l’armée
tout en prenant l’opinion à témoin. C’est que la situation est très grave. L’Algérie
a un besoin vital de rompre avec le régime politique fait de trahison, d’assassinats
et de mépris du peuple.
Aujourd’hui,
la crise touche le cœur même du régime. Avec l’amenuisement des ressources
énergétiques, quel candidat fou voudrait se mettre au gouvernail comme pantin
dans un bateau à la dérive?
Le
point de presse de M. Hamrouche est un avertissement à ceux, parmi
les décideurs, qui veulent se voiler la face. Le système politique ne peut plus
répondre aux problèmes d’aujourd’hui. Il a atteint ses limites. Le changement
est vital. Il faut donc « faire tomber le régime, mais dans le calme et
avec le soutien de l’armée, seule institution fortement organisée ».
En
d’autres termes, l’armée doit accompagner et protéger le changement décidé par
des civils. Et comment le changement peut-il se faire avec M. Bouteflika
ou un autre? L’homme qui sera élu le 17 avril ne pourra apporter aucun
changement dans le cadre du régime politique actuel et ne pourra de ce fait,
répondre aux demandes pressantes des citoyens. Le désarroi général, dans un
premier temps, et la catastrophe dans un second seront inévitables à court ou
moyen terme.
Ce
n’est pas d’une élection dont l’Algérie a besoin, mais d’un renouveau de la réflexion
qui consiste à répondre aux défis d'aujourd'hui. Comment répondre aux défis d’aujourd’hui
sans une réflexion collective à travers une Constituante?
C’est
dans ce sens que M. Hamrouche souligne que « La crise dépasse cette
élection (...) qui ne sert à rien (...) et [que son] sentiment est que ce
régime n'est pas bon pour l'Algérie ».
Si
les jeux sont déjà faits, pourquoi se représenter alors à une telle « élection
présidentielle »?
On
se souviendra longtemps de la conférence de presse de M. Mouloud
Hamrouche qui connait le régime politique algérien de l'intérieur. Encore une fois, il s’adresse à la
seule force organisée, l’armée, siège central de tout pouvoir en Algérie, tout
en prenant à témoin l’opinion algérienne.
L’armée
peut-elle se remettre en cause ? Cela est nécessaire. Cela est possible. Il y va de sa
propre survie et de celle de l’Algérie.
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