«L’enquête sur les crimes de guerre aurait dû s’étendre à tous les pays belligérants et on aurait vu prendre place dans le box des accusés Truman pour Hiroshima, Staline pour Katyn, Churchill pour Dresde et de Gaulle pour les massacres du Constantinois ».
Michel TOURNIER, VERDICT DE NUREMBERG, Le Monde 1er. oct. 1971.
J’ai rencontré M Amrani jeudi passé, dans un café du Petit Maghreb, pour discuter à bâtons rompus de son livre.
Comme l’indique le titre de l’ouvrage de 284 pages, le travail de Mehana Amrani est consacré, au-delà des événements, aux différents discours français sur les massacres de Guelma, Kherrata et Sétif. Et c’est là que réside l’originalité de cette recherche sur le 8 mai 45.
L’auteur a analysé le discours français de 1945 à aujourd’hui. Il s’agit de toute sorte de discours. Et ce sont ces différents discours qui vont constituer les cinq chapitres de l’essai. Il est question des figures du discours du général De Gaulle, du discours du journal Le Monde, du discours romanesques et du discours iconographique.
Mehana Amrani explique que le mot "massacre" avait au départ, un sens très restrictif puisqu'il ne servait qu'à désigner les victimes françaises. La réalité des faits a été voilée volontairement et il fallait attendre le début des années 1990, pour assister à un nouveau discours français, bien résolu à revisiter les émeutes algériennes, et surtout leur répression, de façon claire et directe.
Dans le chapitre consacré aux figures du discours du général De Gaulle, l’auteur analyse le dilemme communicationnel du général y compris ses silences puisque pour un chef d’État, ne rien dire sur les massacres, est un déjà un discours.
Dans le discours iconographiques l’auteur s’interroge sur la rareté des images du 8 mai 45 et se penche sur les conditions de production et circulation de l’image en contexte colonial.
En somme, Le 8 mai 1945 – Les discours français sur les massacres de Sétif, Kherrata et Guelma, paru chez l’Harmattan, est un livre à lire pour ceux qui s’intéressent à l’un des événements les plus médiatisés dans les relations algéro-françaises. Mehana Amrani y pose un regard neuf et apporte des conclusions inédites.
Cette chronique a été diffusée sur les ondes d'Alger Chaîne III le 8 août 2010.
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